L'OSINT, acronyme de "Open Source Intelligence", désigne en français le "Renseignement d'Origine Sources Ouvertes" (ROSO). Cette méthodologie consiste à collecter et exploiter des informations librement accessibles (journaux, réseaux sociaux, sites web, etc.).
Légalité de la pratique
L’OSINT, en soi, n’est pas illégal, puisqu’il repose sur l'utilisation de sources publiques. Cependant, chaque étape de sa mise en œuvre peut engager la responsabilité de l’utilisateur s'il ne respecte pas certaines exigences juridiques. Il est donc essentiel de suivre des règles précises pour que les résultats puissent être utilisés légalement, que ce soit durant les phases de recherche, de collecte, ou d’exploitation des données.
Place de l’OSINT dans le domaine juridique
L'OSINT joue un rôle de plus en plus central dans le droit, notamment en matière judiciaire, où il peut servir à recueillir des preuves, identifier des auteurs d'infractions ou contester des arguments adverses.
I - Les recherches
Une fois l'objectif défini, il est essentiel de respecter les principes suivants :
Utilisation exclusive de sources "ouvertes"
Les sources ouvertes sont des informations accessibles au public. Toutefois, la collecte via des techniques frauduleuses, comme l'usurpation d'identité sur les réseaux sociaux, est strictement interdite.
Accès légitime aux données
La frontière entre une recherche légitime et une intrusion dans un système automatisé peut être ténue. Un accès non autorisé peut être qualifié de frauduleux selon l'article 323-1 du Code pénal, même si les pages étaient en libre accès.
Prudence dans les recherches sensibles
Il est recommandé d'être vigilant lors de recherches sensibles (ex : crimes) pour éviter toute interférence avec des enquêtes en cours ou des risques personnels. L'OPSEC (sécurité opérationnelle) est essentielle pour protéger l'identité en ligne.
II - La collecte
La collecte de données doit également respecter certaines règles, notamment :
Scraping
Le "scraping", extraction automatique de données, est légal sous certaines conditions. Il est interdit d'extraire une part substantielle d'une base de données sans autorisation, sous peine de sanctions sévères (jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amende).
Fuites d’informations (leaks)
Il est risqué de télécharger des informations issues de fuites (leaks), car cela pourrait être assimilé à du recel, un délit puni par l'article 321-1 du Code pénal.
Open Data
Les données en Open Data sont généralement accessibles à tous, mais il faut respecter les lois relatives à la protection des données personnelles (RGPD, loi "Informatique et Libertés").
III - Exploitation des données
L’utilisation des données collectées n’est pas toujours libre. Il est important de respecter :
Droits d'auteur
La publication d’œuvres protégées (ex : photos) sans autorisation constitue une contrefaçon. Il est donc crucial de vérifier si une œuvre est sous licence libre ou appartient au domaine public avant de l'exploiter.
Respect de la vie privée
Même si une information est publiée sur un profil public, sa republication peut porter atteinte à la vie privée. Toutefois, ce droit peut être équilibré avec le droit à l'information si cela répond à un intérêt légitime.
Doxxing
Le doxxing, qui consiste à divulguer des informations personnelles dans le but de nuire, est puni par la loi (un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende).
IV - Dimension judiciaire de l'OSINT
L’OSINT est particulièrement utile dans le domaine judiciaire pour :
1. Production en justice
Les informations collectées via l'OSINT peuvent être produites en justice, à condition d'en démontrer l'authenticité et la validité. Plusieurs méthodes existent pour cela (captures d’écran horodatées, constat d’huissier, etc.).
2. Valeur probante des informations
La traçabilité des étapes de collecte et l'utilisation d'outils d'archivage peuvent renforcer la force probante des données. La jurisprudence récente confirme que des captures provenant de sites comme Wayback Machine peuvent être admissibles.
3. Le rôle des auxiliaires de justice
4. Usage de l’OSINT par les forces de l’ordre
Dans les enquêtes criminelles, l’OSINT permet d'identifier des suspects. L’affaire Johnny Hallyday est un exemple marquant : ses publications Instagram ont permis de prouver sa résidence en France, influençant ainsi un jugement sur sa succession.
Conclusion
L’OSINT est devenu un outil incontournable à l’ère de l'information numérique. Il est légal, à condition de respecter les cadres juridiques. Bien utilisé, il peut fournir des preuves solides et aider à la résolution de nombreux litiges, en particulier dans le monde judiciaire.
Voici les principales recommandations de la CNIL concernant la pratique de RIFI (Recherche sur Internet de Fuites d’Informations), une branche de l’OSINT :
Établir les responsabilités :
Définir les finalités :
Conditions pour justifier l’utilisation de la RIFI (Recherche sur Internet de Fuites d’Informations) :
Respecter les droits des personnes :
Mesures préconisées pour limiter l’impact de la RIFI :
Ces recommandations visent à encadrer la pratique de la RIFI tout en garantissant la protection des données personnelles et le respect des droits des individus concernés.
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